No man's land

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Il paraît loin le début de la crise financière où un Sarkozy triomphant clamait haut et fort le "retour de l'Etat", où un Guaino jubilant vous affirmait que la politique allait sauver le monde de la folie des marchés, où des députés encourageaient la surenchère du grand emprunt, où l'OFCE nous disait que la dette publique était sans importance...

 

Aujourd'hui, le roi est nu et il en prend seulement conscience. 700 Milliards d'Euros pour sauver la Grèce, le Portugal ou l'Espagne. Et combien faudra-t-il pour sauver la France, l'Italie ou le Royaume-Uni dont les économies sont plus importantes et dont les finances publiques ne sont pas dans un bien meilleur état?

Aujourd'hui les Etats sont face au mur et c'est le moment de payer alors même que la croissance n'est pas au rendez-vous.

 

Comment en sommes-nous arrivé là? Tout simplement en laissant déraper notre Etat Providence institué après la guerre; un Etat "protecteur" intervenant toujours dans de nouveaux domaines et déclinant à l'infinie la solidarité publique. Seulement lorsque l'on veut construire un tel Etat Providence, il faut s'en donner les moyens financier et les gérer efficacement. La Suède a des prélèvements obligatoires records et une gestion très rigoureuse de l'argent public.

 

En France la pression fiscale est forte, mais relativement moins qu'en Suède à bien des égards et - surtout - l'argent public est géré très inefficacement à en juger par le niveau de productivité lamentable de nos "services publics". Bref, nous ne nous donnons pas les moyens de nos "ambitions" (ambitions que je ne partage pas mais qui ne sont pas illégitimes).

 

Comme personne ne semble vraiment décidé à faire quelque chose (et que personne n'a aucune idée sur la manière dont cette crise des finances publiques va se dénouer), on peut craindre que les tensions de notre société ne continuent de s'aggraver: tension entre les classes moyennes et les super-riches, tension entre les papy-boomers et les nouvelles générations, tension envers les immigrés...

 

Bref, après ce no-man's land économique est aussi un no man's land politique.

 

Il est effrayant de constater à quel point les réformes de la société française sont encore plus urgentes aujourd'hui et de voir combien les français s'en éloignent encore davantage.

 

Publié dans Economie

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