Les partis de gouvernement peuvent-ils parler de l'immigration en France?

Publié le par David Méheut

Le discours de Nicolas Sarkozy aux nouveaux adhérents samedi dernier a provoqué un grand débat. On ne peut que se féliciter de ce que l'immigration intéresse l'opinion car ce sujet était jusqu'à présent abandonné aux extrêmistes de gauche et de droite. Seulement, la presse et -il faut bien le dire- une certaine société bien pensante, ont polémiqué sur une phrase prononcée par le président de l'UMP: "D’ailleurs, si certains se sentent gênés d’être en France, je le dis avec un sourire mais aussi avec fermeté, qu’ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu’ils n’aiment pas, parce que nous, notre pays, nous l’aimons !".

Une fois de plus, les propos des hommes politiques sont vidés de leur substance par des raccourcis médiatiques. Aussi, pour permettre aux lecteurs de ce blog de se faire leur idée, nous avons choisi de publier des extraits du discours de Nicolas Sarkozy:

"Je souhaite une immigration choisie, et j’ai également choisi les mots. Cela veut dire que je ne crois pas aux sociétés repliées sur elles-mêmes. Une société meurt davantage de la consanguinité, du repliement sur soi, de la fermeture que de l’ouverture.

 Le concept même d’immigration zéro ne correspond pas à l’esprit et l’histoire de notre pays. Chacun d’entre nous, ici, pourrait porter témoignage que parfois sa famille vient de loin, et ce n’est parce que sa famille vient de loin que l’on aime moins la France. Voilà ce qu’est une immigration choisie.

 À ceux qui se demandent si j’ai oublié d’où je viens, je ne l’ai certainement pas oublié parce que moi je sais ce qu’une France ouverte a apporté à ma famille. Je ne suis pas devenu français par hasard, mais par la volonté, celle de mon père.

 Une immigration choisie veut également dire que la France ne peut pas être le seul pays au monde qui ne puisse décider qui est accepté sur notre territoire et qui n’est pas le bienvenu. Toutes les démocraties au monde décident de ceux qu’elles acceptent. Nous ne pouvons pas être les seuls qui ne décident de recevoir que ceux pour qui nous n’avons ni emploi, ni logement, ni avenir.
Il faut se mettre d’accord là-dessus, nous avons le droit de choisir notre immigration.

 La diversité est une chance et non une menace. Mais si la France n'a pas vocation à être repliée sur elle-même, elle n'a pas non plus les moyens d'accueillir tous ceux qui voient en elle un eldorado. Il faut en tirer les conséquences.
On ne peut pas demander au ministre de l’Intérieur de considérer comme normal le fait pour une personne de rester dans un pays où elle n’a pas les papiers pour y demeurer. Le devoir d’un ministre de l’Intérieur est de renvoyer chez eux ceux qui n’ont pas de papiers.

 Bien sûr, cela passe par une grande politique de co-développement et il faut notamment aider les pays de l’Afrique sub-saharienne à se développer, mais au nom de quoi ?
Les Etats-Unis, l’Australie, le Canada, l’Angleterre, l’Allemagne et tant d’autres choisiraient les meilleurs étudiants, les meilleurs travailleurs et nous, nous n’aurions le droit de choisir personne pour subir tout le monde ? Cette politique n’est pas la mienne.

 À ceux qui me disent que je manque de générosité, je leur réponds qu’ils manquent, eux, de perspicacité. Ce n’est pas la générosité que de condamner un certain nombre d’hommes et de femmes à être exploités par des filières criminelles, qui vivent de la pauvreté des gens et qui organisent l’immigration clandestine.

 Ce n’est pas faire preuve de générosité que de créer des quartiers ghettos aux portes de nos grandes villes, où il n’y a que désespérance et au bout de laquelle se trouve la délinquance. Ce n’est pas de la générosité, c’est de l’irresponsabilité et c’est ce qui s’est passé dans notre pays depuis trop d’années.

 Alors que vais-je faire ? N’en déplaisent à certaines autorités… Ils veulent un débat, ils l’auront, je ne le fuirai pas. J’ai entendu quelqu’un dire: « hou la la, ce monsieur Sarkozy, ce n’est pas bien ce qu’il fait, il veut faire plaisir à l’opinion publique ! »
Ainsi, on me reprocherait de vouloir mettre en œuvre la politique que souhaitent les Français ? Franchement, le but de la démocratie, c’est que nous mettions en œuvre une politique que vous souhaitez, plutôt qu’une politique que vous combattez.

 Est-ce que l’on considère que l’intégration, après la crise de novembre, fonctionne bien et qu’il n’y a rien à changer ? Est-ce que l’on considère que les immigrés aujourd’hui en situation clandestine sont tellement heureux qu’il n’y a rien à trouver comme solution ? Est-ce que la situation est tellement parfaite que je doive considérer qu’il n’y a plus rien à faire ?
Le rôle d’un responsable politique est d’agir et de prendre ses responsabilités.

 Concernant le regroupement familial, il y a encore quelques années, à prononcer le mot et déjà vous étiez un raciste. Je n’accepte pas cette pensée unique qui empêche de parler des problèmes des Français.

C’est parce que les partis républicains n’ont pas eu le courage d’assumer le débat sur ces questions que nous eu un Front national au niveau que nous avons connu dans notre pays. Voilà la réalité des choses.
Ne pas avoir le courage de parler, c’est faire le lit des extrêmes. Et je n’ai aucune leçon à recevoir d’une gauche moralisante, responsable de la montée d’un Front national qui a fait désigner la France du doigt pendant 25 ans !

 Le regroupement familial est un droit. Naturellement, si l’on veut que quelqu’un puisse s’intégrer, il doit pouvoir le faire avec sa famille. Je pose alors deux questions :
Quand on veut faire venir sa famille en France, il faut d’abord démontrer que l’on a les moyens financiers de la faire vivre, sinon, il n’est pas possible de la faire venir. Pour démontrer que l’on a les moyens financiers nécessaires, aujourd’hui, on peut utiliser ses allocations familiales et ses prestations sociales.

 Je demande donc que pour le regroupement familial, la démonstration des moyens de faire vivre sa famille soit faite à partir de revenus du travail et non pas de l’assistance. Qui peut contester cela ?
Sinon, il suffit de faire venir tous ses enfants, comme c’est un droit d’avoir des allocations sociales, on a, par définition, les moyens de les faire venir et alors, il n’y a plus de contrôle.

 Qui seront les premiers à souffrir de cette situation ? Les étrangers en situation régulière, des êtres humains à qui nous devons le respect des droits de la personne et leur dignité.
Moi, je n’ai rien à voir avec celui qui parle des « Français de souche », c’est un truc qui ne me plaît pas trop parce qu’avec cette notion, je n’aurais pas eu le droit de me présenter à beaucoup d’élections… !

 Puis, je voudrais que, lorsque l’on fait venir sa famille, on démontre que l’on a un appartement pour la recevoir et non pas que l’on soit obligé d’entasser des enfants dans des taudis ou des immeubles où, à 3 heures du matin, les pompiers doivent arriver parce qu’un incendie a pris et que des gosses et des femmes meurent, dans des conditions de misère abominables.

 Ce n’est tout de même pas cela la générosité, ni la politique d’immigration que nous voulons dans notre pays ! Pas de frontières, pas de contrôles et, à l’arrivée, vivre dans un squat misérable, exploité par le travail clandestin pour finir mort asphyxié parce qu’il y a eu un incendie.

Ce n’est tout de même pas cela que nous voulons garder dans notre pays !Il y a une autre règle curieuse, fixée à l’époque du gouvernement de monsieur Jospin. Quelqu’un en France, clandestin depuis 10 ans, ayant échappé à tous les contrôles, est alors récompensé, on lui donne des papiers ! Cela s’appelle la régularisation au fil de l’eau. Je propose que l’on supprime cette régularisation au fil de l’eau.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de régulations. Je demande à ce qu’il puisse y en avoir avant 10 ans parce qu’il peut y avoir des raisons. Mais, ces régularisations doivent se faire au cas par cas, pas pour la seule raison d’avoir échappé aux contrôles de la police de l’air et des frontières pendant 10 ans. Ce n’est pas une raison ni une politique."

Publié dans Droit et Justice

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