What now my love?

Publié le par David Méheut

Ce lundi 18 juin, date anniversaire de la Bataille de Waterloo et de l'appel du Général de Gaulle, les mois de campagne électorale s'achèvent. L'élection de Nicolas Sarkozy après une campagne contre Ségolène Royal a bouleversé la vie politique française. Les législatives qui ont suivi ont été tout aussi riches en bouleversements et on sent bien qu'elles portent les germes de futurs bouleversements: direction des parties, orientations idéologiques, méthodes… Tout va changer. La rupture est indéniablement politique.

 

Il est temps que le gouvernement se mette au travail.

 

On attendra avec impatience sa nouvelle composition. Il y avait du positif dans la première version avec quelques interrogations. Dans la partie "positive" on note la nomination de personnes de très grande qualité comme Rachida Dati à la Justice, Xavier Darcos à l'éducation, Valérie Pécresse à la Recherche et aux Universités, Hervé Morin à la défense, Xavier Bertrand au travail, Eric Besson à la stratégie, Eric Jouyet aux Affaires Européennes, Christine Lagarde à l'agriculture, Dominique Bussereau aux Transports. On ne pourra que regretter Alain Juppé qui aurait probablement fait un travail exceptionnel au Développement Durable.

 

Le premier gouvernement de Nicolas Sarkozy présentait toutefois des aspects laissant plus perplexes, à commencer par le premier ministre lui-même. François Fillon: un eurosceptique Séguiniste hier, Européen convaincu aujourd'hui, ex-anti-sarkozien opportunément converti à la suite d'un limogeage, cet homme qui n'a dans sa vie connu que le monde politique a habilement avancé ses pions sur l'échiquier UMP. Il a patiemment cherché à faire grandir son influence au sein de l'UMP et notamment au sein de la fédération de Paris où ses sbires "flinguent" les têtes qui dépassent.

 

Le sort des candidats UMP à Paris préfigure-t-il l'orientation générale de l'UMP sous influence d'hommes comme Fillon? Dans la capitale, l'UMP recule. A la suite d'une campagne trop frileuse et repliée sur elle-même, la Fédération n'a pas su donner l'impulsion nécessaire pour aider les candidats de qualité qui se présentaient dans des circonscriptions charnières du centre et de l'Est, trop occupée sans doute à régler les problèmes internes du XVème arrondissement. Mme Panafieu dont on oublie qu'elle s'était courageusement réfugiée en 2002 dans la 16ème circonscription n'a même pas réussi à faire élire son amie Brigitte Kuster dans son ancienne circonscription.

 

Voilà le bilan d'une stratégie conservatrice et sans vision qui augure mal des prochaines municipales.

 

La nomination de Jean-Louis Borloo à Bercy est tout simplement incompréhensible. Alors que les finances publiques sont dans l'état que l'on connaît et que l'économie tourne en sous-régime, on nomme un homme qui s'est illustré ces dernières années par une politique dispendieuse aux effets purement cosmétiques. En outre, vu la complexité d'une machine administrative comme Bercy, qu'espère-t-on d'un homme comme Borloo?

 

S'agissant de Bernard Kouchner au Quai d'Orsay, on peut s'attendre au meilleur comme au pire avec un homme que l'on dit incontrôlable et d'un égo conséquent. Cela étant, laissons-lui le temps de faire ses preuves.

 

Les premières mesures annoncées ont été à l'image de ce gouvernement: excellente sur les réformes de l'éducation et sur la construction européenne / inquiétante sur le plan économique.

 

Attardons-nous sur les questions économiques. Afin de tenir les promesses présidentielles, on nous annonce nombre de mesures coûteuses pour les finances publiques aux résultats plus qu'incertain sur l'économie.

 

La fameuse exonération de charge sur les heures supplémentaires qui pourrait coûter plus de 10 Mds à l'Etat promet d'être une véritable usine à gaz si on veut éviter une fraude massive. La plus grande interrogation reste de savoir comment espérer qu'une telle mesure bénéficie aux salariés alors que dans bien des entreprises, les heures supplémentaires ne sont pas payées, même au "black"?

 

En outre, pour donner des heures supplémentaires, il faut que l'entreprise ait du travail ce qui n'est pas évident.

 

Il y aura bien entendu des personnes qui en profiteront mais combien seront-elles? Et à quel prix pour la collectivité?

 

L'Allemagne pour connaître le ressaisissement de son économie qu'elle a connu a d'abord assaini ses finances publiques et à ensuite donné des incitations pour ses entreprises. Dans une économie française si exposée à la concurrence, les politiques dites de la demande (favorisant la consommation) sont vouées à profiter aux produits étrangers plus compétitifs. Tous nos voisins européens qui ont réussi à faire redémarrer la machine, l'ont fait avec une politique de l'offre donnant un environnement favorable à l'investissement.

 

La TVA sociale a quelque chose de plus intéressant – qui a d'ailleurs était pitoyablement présenté par MM Borloo et Fillon ce qui explique en partie le relatif échec du 2ème tour. On transfère les taxes pesant sur le travail vers la consommation ce qui a pour effet de rendre nos produits plus compétitifs face aux produits étrangers qui n'ont pas à supporter chez eux de charges sociales aussi lourdes. Si certains critiquent la mesure en ce qu'elle présente un caractère de "dévaluation compétitive cachée" ou qu'elle ignore totalement la réalité de l'élaboration des prix sur certains marchés, elle n'en est pas moins intéressante.

 

S'agissant des finances publiques en général, cette question semble "mise de côté" à l'image du malheureux nouveaux ministre des comptes. Cela est très grave et nous n'avons pas fini d'en payer les conséquences.

 

Au final, l'élection de Nicolas Sarkozy ouvre de grandes perspectives. Le Président de la République a une indéniable volonté de changement et a l'intelligence pour réussir à faire passer des réformes difficiles. Cependant, les premiers pas ont été plus que mitigé sur le sujet le plus vital: la relance de l'économie.

 

En réalité, il est à craindre que l'équipe dont est actuellement entouré le Président ne soit pas la meilleure pour porter les réformes dans ce domaine. Là où on attendait des Copé, Dutreil, Méhaignerie, Longuet, Devedjian, Mariton, on nous a mis ceux qui défendent une vision qui a déjà conduit la droite à l'échec.

Publié dans Actualité

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D
J'ai entendu ça.<br /> Ce serait un progrès. Cela étant, le nouveau ministère du développement durable me paraît tout aussi complexe à gérer et je pense que ça ne s'improvise pas. Il aurait fallu un homme qui est une connaissance des rouages administratifs et une vision pour la politique environnementale. Je crains que Borloo n'ait aucun des deux. J'espère me tromper!
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N
Pour Borloo ne t'inquietes peut etre pas trop il est annoncé à la place de Juppé!<br /> <br /> Et que penses-tu de l'avenir du PS, un pronostic sur son futur(e) chef?
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D
Cet article est-il la suite de l'article précédent?
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D
On se demandait pourquoi tu n'écrivais plus. Je comprends mieux maintenant...
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