Le retour de la gauche

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La crise économique et financière semble prendre un tournant inquiétant et imprévisible. Pour l'instant, le chômage augmente peu à peu mais il est à craindre que les symptômes s'étendent à des couches de la population qui ont jusqu'à présent été épargnées. Même si ces facteurs échappent largement au contrôle de Nicolas Sarkozy – qui n'a finalement pas si mal géré la situation de crise -, ils étaient déjà défavorables pour ses chances de réélection. En outre, la personnalité de Sarkozy n'est pas vraiment consensuelle – c'est un euphémisme. Mais jusqu'à présent, je croyais encore qu'il pourrait rebondir car il reste très intelligent et c'est une bête de campagne. J'avais même parié sur sa réélection (bon, c'est vrai, j'avais pris des risques).

 

Mais je crois vraiment que le déferlement actuel d'affaires judiciaires de corruption ces derniers temps va l'achever. Certes il y a toujours des "affaires" à l'approche d'une campagne mais celle-ci est différente. Il est question de corruption à très grande échelle. L'instruction est loin d'être finie et il faut préserver la présomption d'innocence mais les fuites dans la presse font état de pièces accablantes pour un certain nombre de très proches du Chef de l'Etat. Bref, ça sent la vase!

 

Si on met cela en perspective avec les primaires du PS qui ne se passent pas si mal que ça, on ne voit pas comment Sarkozy va pouvoir remonter la pente.

 

Faut-il s'inquiéter du retour de la gauche aux affaires à un moment où les finances publiques sont déjà mal en point?

 

A première vue, il semblerait que le favori de la primaire, François Hollande tienne globalement un discours de (relative) raison sur les finances publiques et parle de réductions de dépenses. Il semble aussi prêt à ménager les entreprises en réformant la fiscalité pour favoriser l'investissement. Bref, c'est déjà un grand progrès par rapport aux lubies habituelles de la gauche française (qui est au moins aussi bête que la droite l'est dans son genre).

 

Mais déjà dans son programme pointent des points assez préoccupants qui semblent dictés par des considérations électoralistes: les 60.000 créations de postes d'enseignants à un moment où il ne se trouve déjà plus assez de candidats compétents pour passer les concours dans certaines matières, le contrat de solidarité génération (une belle usine à gaz aussi catastrophique que le dispositif heures supplémentaires de la loi TEPA), une sortie progressive du nucléaire décidée sur un coin de table sans étude d'impact…

 

En outre, il n'a pris aucune position claire sur le sort qu'il entend réserver au programme ô combien préoccupant du PS.

 

Or, pour gouverner, Hollande devrait (j'utilise encore le conditionnel…) composer avec pas mal de personnes dont les exigences sont assez irréalistes et - à mon avis - néfastes pour le pays.

 

On commence par la gauche du PS qui compte les Arnaud Montebourg (qui prône un retour au protectionnisme!) ou l'impayable Benoît Hamon (Rocardien hier et défenseur intransigeant des 35 h aujourd'hui).

 

Et ceux-là, ce ne sont pas les pires!

 

Parce que, selon toute vraisemblance, un Président PS devrait composer avec une "majorité plurielle". Et sur ce front, la donne a beaucoup changée depuis 1997 et Lionel Jospin. Là où on avait Robert Hue et Dominique Voynet, deux personnalités assez accommodantes et finalement plutôt responsable, les cocos et écolos cru 2012 sont d'une toute autre cuvée. Les verts de 1997 étaient contents d'exister et d'entrer à l'Assemblée. Aujourd'hui, ils sont dans un rapport de force avec le PS. Et ce ne sont pas des anges. Daniel Cohn-Bendit en a fait les frais et a dénoncé entre les lignes le sectarisme ambiant dans cette organisation dont le véritable projet idéologique est peu connu et très loin de ce qu'imagine la population.

 

Quant aux communistes, n'en parlons pas. Ils luttent pour leur survie. L'expérience de la gauche plurielle les a presque achevés et ils savent qu'il faut se faire entendre davantage pour ne pas disparaître. Avec le populiste Mélenchon à leur tête, on peut s'attendre à tout.

 

Enfin, rassurons-nous! François Hollande saurait les diriger…

 

Pardon, vous avez dit "François Hollande"?

 

N'est-ce pas le même qui a été à la tête du PS de 97 à 2007? Celui dont on disait qu'il était incapable d'annoncer les mauvaises nouvelles en face? L'artisan du consensus mou qui a momifié le PS pendant toutes ces années?

 

Ah oui mais il nous fait le sketch classique du candidat à la présidentielle: "j'ai changé". C'est marrant, j'ai déjà entendu ça quelque part.

 

Quant au sujet de son absence d'expérience ministérielle, certes, ce n'est pas rédhibitoire, mais quant on regarde son bilan à la tête de son département de Corrèze, on a de quoi être inquiet. La Corrèze, en effet, est le département le plus endetté de France. Pour faire des investissements visionnaires me direz-vous? Jugez-en plutôt: François Hollande a décidé en 2010 d'équiper chacun des nouveaux élèves de 6e et leurs enseignants d'un iPad. Soit un total de 3300 tablettes numériques pour un budget de 1,5 million d'euros!!!!

 

Ai-je besoin d'en dire plus?

 

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