Bayrou/Sarkozy: le dilemne des libéraux
La campagne électorale bat son plein et pourtant ce blog n'a pas été actualisé depuis longtemps. Cela tient au fait que j'ai eu un emploi du temps très chargé professionnellement mais aussi, pour les dernières semaines, au fait que je m'interroge sur mes propres orientations politiques.
En 2002, j'avais fait la campagne d'Alain Madelin qui s'était soldée par un piètre score. Nous n'avions pas su alors expliquer le libéralisme aux français et le faire sortir de la caricature dans laquelle il est enfermé.
Nous avions alors fondu nos forces dans l'UMP avec quelques débuts prometteurs. La majorité a été à l'origine d'un certain nombre d'avancées: décentralisation, création des pôles de compétitivité, partenariats publics-privés, baisses de l'impôt sur le revenu, assouplissement des 35heures, etc.
Cela étant, la majorité n'a pas su ou pu réformer en profondeur notre système économique et social qui reste aujourd'hui globalement en panne. Le niveau de chômage reste préoccupant. Il a certes baissé, mais à coup de subventions publiques, lesquelles doivent être financées ce qui ne peut que peser soit sur l'activité, soit sur la dette abyssale. La réforme des retraites, si elle a permis des avancées, reste tout de même loin du compte. Plus grave, la construction européenne a été freinée et on entend les deux principaux candidats fustiger l'Euro avec des arguments techniquement faux, ou appeler à une surenchère de subventions publiques et de protectionnisme.
Au sein de l'UMP, les libéraux n'ont pas su faire entendre leur voix et les gaullistes, étatistes et autres conservateurs ont pris le contrôle de l'appareil (des années de savoir-faire dans le caporalisme aidant).
La question pour les libéraux est de savoir s'il faut tenter de se faire à nouveau entendre dans l'UMP ou de partir.
Dans le programme de Nicolas Sarkozy, il y a beaucoup de bonnes choses: réforme des universités, de la carte scolaire, réduction de la pression fiscale sur les entreprises et les particuliers, intégration des personnes handicapées, efforts de recherche, relance de la construction européenne, etc.
Mais les grandes réformes économiques et sociales dont le pays a besoin (refondation du système fiscal, transparence des finances publiques, déjudiciarisation des rapports de travail, renforcement de l'efficacité des services sociaux, ne sont pas là. A côté de cela, ce programme comporte un certain nombre de propositions contreproductives: droit au logement opposable, subventions aux industries déclinantes, créations de niches fiscales, etc.
En comparaison, le programme économique et institutionnel de François Bayrou n'est certes pas enthousiasmant mais est bien plus proche des positions libérales. Cela étant, l'union de la droite et de la gauche prônée par ce candidat ne semble pas souhaitable dans une démocratie comme la France qui compte déjà des extrêmes puissants.
Que faire dans ces conditions?
Une chose est certaine: le programme de Ségolène est particulièrement néfaste pour la France. Il nous mettrait dans une course folle à la dépense qui pèserait encore davantage sur les jeunes générations et pour des résultats économiques plus qu'incertains. En outre, son improvisation perpétuelle et sa méconnaissance des dossiers sont assez inquiétants.
Dans ces conditions, le libéral que je suis aura pour premier but de faire battre Ségolène Royal.
A ce jour, la personne la mieux placée pour le faire est Nicolas Sarkozy.
Voter Bayrou au premier tour?
La question mérite réflexion.
Il est évident que si le moindre risque de 21 avril "à l'envers" se profile, ce choix est impossible.
Le deuxième problème du vote Bayrou est que ce vote sera "lu" par les médias comme un refus du clivage droite-gauche et pas nécessairement comme une adhésion à un programme économique.
Cela dit, il est temps que les lignes bougent et une UMP instituée en RPR-bis n'est pas à terme une bonne chose pour la France.