Des arbitrages budgétaires qui allient efficacité et justice

Publié le par David Méheut

Par Pierre Méhaignerie,
député UMP, président de la commission des finances et des affaires économiques de l'Assemblée nationale.

Interview parue dans Libération du 29 août 2006


Il revient sur l'affectation du «surplus» de dépenses fiscales pour 2006 entre désendettement et coup de pouce au pouvoir d'achat.

La question du pouvoir d'achat est au coeur de la rentrée avec son lot de dépenses nouvelles. Les Français ont l'impression que leur pouvoir d'achat stagne, même si d'après les chiffres de l'Insee il progresse un peu. Nous devons prendre en compte ce ressenti, que nous percevons dans nos circonscriptions.
D’une façon plus générale et en lien avec cette question du pouvoir d’achat, du fait de la forte augmentation du SMIC ces dernières années, les salariés qui gagnent un peu plus que le SMIC peuvent avoir le sentiment d’un certain « déclassement ». C'est pour cela que les arbitrages budgétaires du gouvernement doivent allier efficacité et justice.

C'est à dire ?

La majorité des recettes fiscales supplémentaires doit aller à la réduction du déficit public. C'est une exigence de solidarité avec les générations futures. En même temps, nous devons améliorer le pouvoir d’achat par l’augmentation de la prime pour l'emploi (PPE) pour les 8 millions de salariés modestes qui touchent moins d'un SMIC et demi. En améliorant la PPE, on ne pénalise pas le développement de l'emploi, contrairement à ce que produirait une augmentation brutale du SMIC. Et on permet aussi de soutenir la demande. En y affectant 500 millions d'euros supplémentaires on allouerait par exemple aux ménages de deux salariés payés au SMIC une PPE qui pourrait être augmentée jusqu’à 300 euros. Pour les salaires modestes, c'est un pouvoir d’achat amélioré. A terme, la PPE pourrait représenter l’équivalent d’un 13ème mois, et pour qu’elle soit plus lisible, elle devrait apparaître sur la fiche de paie.

La lutte contre le déficit ne s'oppose donc pas à l'amélioration du pouvoir d'achat ?

Le sérieux, c’est la réduction du déficit budgétaire, la justice c’est l’augmentation de la PPE. Au lieu de s'éparpiller sur une dizaine de mesures d'aide qui mettraient du temps à entrer en vigueur, nous devons nous concentrer sur une ou deux mesures lisibles qui redonnent de la confiance. Le gouvernement, a ainsi, à juste titre, su trouver un bon équilibre entre la baisse de l’impôt sur le revenu et l’augmentation de la PPE qui bénéficie surtout à ceux qui ne paient pas l’impôt sur le revenu. J’approuve totalement ces choix.

Publié dans Economie

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