L'entreprenariat social: une réponse libérale à un problème libéral

Publié le par David Méheut

Mardi dernier (31 janvier 2006), ASHOKA (www.ashoka.org) lançait à Saint Denis son antenne française. Ashoka est une ONG fondée en Inde par un Américain, M. Bill Drayton et qui est la pionnière dans le domaine de l'entreprenariat social. La philosophie de cette organisation est d'encourager et de soutenir des créateurs d'entreprises qui ont un projet à dimension sociale. Les entrepreneurs financés constituent ensuite une communauté partageant ses expériences et se soutenant mutuellement.

Une des plus belles réussites économique et sociale de la fondation a été la création en Inde d'une entreprise de fabrication de produits optiques (lunettes, lentilles ...) bon marché accessibles à un très large nombre de personnes dans les pays en développement. Cette entreprise est aujourd'hui viable financièrement et s'autofinance.

On pourrait encore citer d'autres succès de l'entreprenariat social. Aujourd'hui d'ailleurs, Ashoka fait des émules avec des organisations comme Artemisia International (www.artemisiafoundation.org) qui vient elle aussi de lancer une branche en France pour travailler à la fois vers l'Afrique francophone et vers la banlieue.

Le libéralisme est une philosophie critiquée de toute part. Certaines organisations anti-mondialistes vont jusqu'à parler de (je cite) "libéral-nazisme" ce qui est assez ironique si on a en mémoire les discours violemment anti-libéraux prononcés par Hitler et ses amis et devient même insultant si on se rappelle de l'engagement d'un homme comme Friedrich Hayek contre les totalitarismes nazis et communistes (cf. La Route de la Servitude).

La faiblesse et la force du libéralisme est précisément qu'il ne dicte aucun comportement parce que la base de cette philosophie est qu'aucune autorité n'a de légitimité pour restreindre la liberté des individus tant qu'ils ne portent pas atteinte à celle des autres. Dans ce cadre, on constate très souvent les comportements peu scrupuleux de certains hommes d'affaires qui ne montrent que peu d'égards pour leurs prochains. Alors on dit que c'est la faute du système. D'abord, est-on vraiment persuadé que les autres systèmes sont meilleurs? Finalement, les problèmes rencontrés dans le cadre du libéralisme ne sont jamais que les travers mêmes des individus qui composent le marché. Or ces travers se manifestent au moins autant dans les systèmes d'intervention étatique (l'histoire a même montré que c'était pire).

Faut-il sur la base de ce constat rejeté le libéralisme? Et si la solution la plus paisible et humaine était plutôt de changer l'homme en commençant par nous? Comment? Si on condamne les inégalités: commençons par donner notre propre patrimoine. Si on condamne les pratiques d'une multinationale: boycottons ses produits. Si on condamne le travail des enfants, si on veut aider les petits producteurs du tiers monde: achetons des produits du commerce équitable. Si on veut encourager des entreprises responsables: soutenons l'entreprenariat social!

Toutes ces solutions sont des solutions libérales à un problème libéral. Quitte à se répéter: le marché, c'est nous! A nous de nous prendre en main!

Publié dans Economie

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