Société Générale: arrêtons de dire tout et n'importe quoi

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Avis intéressant de François Goulard (www.fgoulard.fr) sur l'affaire Société Générale (j'y souscris totalement):

Sitôt qu'une affaire défraie la chronique, le monde politique s'en empare. L'accident survenu à la Société Générale n'échappe pas à la règle, et l'on entend des personnages qui seraient bien en peine d'expliquer ce qu'est un produit dérivé pérorer, prescrire leur remède et désigner les coupables.

 

Le sujet concerne-t-il le pouvoir politique ? Non pour ce qui touche à l'établissement des responsabilités : c'est aux autorités compétentes de se prononcer ; à la justice, pour les responsabilités pénales éventuelles. Aux autorités de marché s'il y a lieu. Est-ce au politique de dire si le président de la banque doit conserver ou quitter ses fonctions ? Absolument non. La Société Générale est une entreprise privée, à ses actionnaires, à son conseil d'administration de répondre à cette question. Offrir le spectacle d'un pouvoir politique qui s'occupe de tout, c'est courir le risque que l'opinion lui impute tout.

 

En revanche, les pouvoirs publics ont le devoir de veiller à ce qu'on appelle la sécurité financière. C'est un point particulièrement sensible s'agissant des banques. Leur rôle est évidemment particulièrement important dans l'économie. L'éventualité de la défaillance de l'une d'entre elles, est un risque que l'on qualifie de systémique, car tout le système bancaire pourrait être menacé, étant donné les engagements croisés que les banques ont les unes vis-à-vis des autres. Il faut aussi assurer la protection des déposants. Il faut enfin, comme pour l'ensemble des entreprises, que les actionnaires soient suffisamment informés de la situation financière réelle de l'entreprise.

 

Bref, un Etat organisé dispose d'une cadre législatif et réglementaire approprié à ces objectifs, d'autorités de contrôle chargées de veiller au respect des règles et d'identifier les situations de risque. Avons-nous besoin de changer nos règles, de les rendre plus contraignantes ? Devons-nous imposer aux banques de resserrer leurs contrôles internes ? Ce sont aujourd'hui des questions. Assez familier des problèmes financiers, pour avoir été plusieurs années dirigeant de banque, je suis incapable de répondre, avant qu'un travail d'investigation n'ait été conduit. C'est à ce travail que nous devons aujourd'hui nous astreindre. S'il y a un sujet qui appelle sérieux et réflexion, c'est bien celui-là.

Publié dans Economie

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