La droite française a besoin d’air

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Quels que puissent être les démentis d’Eric Besson, personne n’est dupe de l’arrière pensée du débat lancé sur l’identité nationale. Pour déminer les attaques de l’opposition et des intellectuels, on prétend encadrer le débat autour de références « politiquement correctes » et élitistes en feignant d'ignorer que pour une grande partie de l’opinion qui suit le débat au travers des résumés lapidaires des journaux télévisés les seuls termes « identité nationale » feraient écho à des sentiments beaucoup moins politiquement corrects. Seulement, ce que les grands stratèges de l’Elysée n’avaient pas prévu, c’est qu’ils n’allaient pas forcément tirer les dividendes de cette initiative et que, au lieu de rassurer les ex électeurs du front national, le débat les pousserait à nouveau dans les bras de leurs premiers amours.

 

Ce phénomène est aggravé par le fait que la majorité – qui n’est Sarkozyste que par réalisme électoral – est très embarrassée pour défendre ce débat ridicule ou nauséabond (je ne sais pas encore quel terme s’applique le mieux). Des voix éminentes comme celles d’Alain Juppé s’élèvent contre ce débat. L’ancien Ministre des Affaires Etrangères, Hervé de Charrette vient de quitter l’UMP pour le Nouveau Centre. Les autres sont visiblement mal à l’aise lorsqu’ils sont interrogés sur la question.

 

Ce débat intervient peu de temps après les propos de Brice Hortefeux lors des Universités d’Eté des Jeunes UMP, qui étaient, à mon avis, plus qu’ambigus (même si l’intéressé s’en défend).

 

Combien de « coups politiques » de ce genre la majorité devra-t-elle supporter pour sortir de la coupe de Nicolas Sarkozy ?

 

Combien de budgets en déficits ?

 

Combien de mesures comme la suppression de la publicité sur France Télévision, la suppression du juge d’instruction, la réforme des collectivités territoriales, la réforme en trompe-l’œil de la taxe professionnelle, la fausse réforme des régimes spéciaux, etc. ?

 

Peut-être lorsque les députés s’apercevront que Sarkozy peut être battu aux présidentielles changeront-ils d’approche, mais il sera alors trop tard.

 

Même si j’ai longtemps tenu ce débat pour une fantaisie intellectuelle, je suis maintenant convaincu que toute cette perversion découle de la logique de nos institutions aggravée par le quinquennat et les nouveaux canons de la communication politique.

 

La monarchie républicaine ne pouvait convenir qu’à un homme d’exception avec un sens aigu de l’intérêt public. Cette espèce-là aurait très peu de chances d’émerger dans nos eaux politiques actuelles. Je n’en vois aucun à l’heure actuelle.

 

En attendant, l’UMP me paraît dangereusement dériver dans une course à l’échalote au gré des nécessités de l’opinion (adepte de la tolérance zéro la veille, nationaliste un jour, ultra-écologiste le lendemain, etc.), sans que les familles censées la composer ne trouvent leur place.

 

Publié dans Démocratie

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