Henri Guaino récidive sur l'homme africain

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On se souvient tous du discours de Dakar prononcé par Sarkozy et écrit par Henri Guaino avec ses développements sur "l'homme africain" qui serait prétendument incapable de rentrer dans l'histoire.

Accusé de racisme, l'intéressé se défend dans une tribune publiée dans Le Monde de ce week-end. Il ne retire rien de ses affirmations antérieures et les confirme entièrement. Il ne pense pas être raciste dans la mesure où il ne fait pas de hierarchie entre les races. Admettons.

Il n'empêche qu'en parlant d'homme africain, il fait un raccourci totalement réducteur et affligeant. Rien qu'en Afrique du Sud, il existe des différences culturelles et sociales fondamentales entre les différentes ethnies (Zulus, Xhosas, etc.). Les pays du Maghreb sont déjà très différents les uns des autres - ex. entre les montagnards Kabyles et les commerçants marocains. Cela sans compter l'influence culturelle des différents colonisateurs - on remarque ainsi une administration omniprésente et sclérosée dans de nombreux pays colonisés par la France et un goût prononcé pour les affaires dans certains pays colonisés par la Grande-Bretagne...

Et d'abord, qu'est-ce que ça veut dire: "l'homme africain n'est pas entré dans l'histoire"?

M. Guaino ne le dit pas vraiment mais en lisant entre les lignes et en connaissant le personnage (caricature du technocrate français vouant un culte à l'Etat), on comprend que pour lui l'histoire se résume aux faits des puissants, aux grandes batailles et aux prises de pouvoir. So much for the people of Africa!

Ainsi, M. Guaino commence par mépriser les sociétés paysannes: "Dans les sociétés paysannes, le temps cyclique l'emporte sur le temps linéaire qui est celui de l'histoire". En somme, les gens dont la préoccupation est de cultiver la terre et d'élever leurs troupeaux pour nourrir leur famille et - éventuellement - améliorer leurs conditions de vie, ne seraient pas à la hauteur des attentes de M. Guaino. Non, pour lui, il faudrait que tous ces braves gens fassent de la politique avec un grand P, qu'ils abandonnent bèches, fourches et troupeaux pour aller imposer de nouvelles idées (de préférence celles de M. Guaino) et réveiller le sentiment national. Quel pauvre type que ce M. Guaino qui est incapable de concevoir le bonheur de l'homme et le "progrès" autrement qu'au travers de fictions comme la nation.

Du bonheur individuel, M. Guaino n'en a cure. Il ne se soucie que de la gloire des puissants. D'ailleurs, ceci est confirmé par ce qu'il retient de positif dans l'histoire africaine: "L'Afrique est le berceau de l'humanité, et nul n'a oublié ni l'Egypte ni les empires du Ghana et du Mali, ni le royaume du Bénin, ni l'Ethiopie".

Pourtant, ce sont bien les Etats, nationaux et étrangers qui ont fait souffrir les peuples africains qui ne demandaient rien d'autre que santé et prospérité pour leur famille. Non M. Guaino! Il n'y a rien de déshonnorant là dedans. C'est même ce qui fait le coeur de l'humanité. Votre "histoire" glorieuse n'a apporté que famines, guerres et désolations.

Publié dans L'Europe et le Monde

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D
Quel discours répugnant!
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M
Sarkozy a prononcé le discours. Il est aussi responsable que Guaino pour ce discours que je considère raciste au plus haut point
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S
Je n'arrive pas à croire qu'il ait pu écrire ça
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Les cons, ça ose tout, c'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnaît
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