L'irresponsable
En près d'une semaine, Nicolas Sarkozy a multiplié les incidents et contribué à sa propre chute dans les sondages. Après avoir ravivé inutilement le débat sur la laïcité avec un discours de Latran indiquant que l'instituteur ne pourrait jamais remplacer "le curé, le pasteur, l'imam ou le rabbin", il lance ensuite l'idée – sans réflexion préalable – de faire apprendre la Shoah à des enfants de 10 ans. Au salon de l'Agriculture, aux propos sectaires et idiots d'un badaud qui refusait de lui serrer la main, il répond par l'agressivité et la grossièreté et ne formule aucun remord par la suite. Enfin, et plus gravement, il cherche à contourner la censure constitutionnelle d'une disposition liberticide d'une loi sur la rétention de sûreté en saisissant le Premier Président de la Cour de cassation.
Et pendant ce temps, les déficits et la dette s'aggravent et les vraies réformes de fond ne se font pas, nos voisins européens sont plus qu'agacés par les initiatives de la France en politique extérieure et le Président s'engage à arroser de subventions des industries déclinantes. Vous avez dit rupture?
Que faire pour que le Président se ressaisisse dans les quatre ans qui viennent?
L'UMP est aujourd'hui réduite à l'insignifiance. Même les ministres sont inaudibles. La discipline de fer qui règne dans les rangs est nuisible aux députés mais aussi à Sarkozy.
Il est nécessaire qu'un "contre-pouvoir" constructif émerge au sein de la majorité et que le centre-droit fasse de nouveau entendre sa voix, son sens de la mesure. La politique du Président n'est pour l'instant pas à la hauteur sur la réforme de l'Etat et on sent chez lui une tentation toujours présente de recourir aux vieilles lunes de l'interventionnisme étatique qui a plongé notre pays dans la ruine.
Pour que Sarkozy retrouve sa force de conviction et mette son talent au service du pays, il doit avoir un contre-pouvoir au sein de sa propre majorité, une force qui l'amène à la modération. Si cette mission échoue, à tout le moins, le centre-droit aura sauvé son honneur et ne sombrera pas avec le navire Sarkozy.