Que disent réellement les hommes politiques?

Publié le par David Méheut

Le grand problème de la presse quotidienne et en particulier du Monde est que ces journaux passent totalement sous silence les idées et les propositions que les hommes politiques développent dans leurs discours. Au final, ils contribuent à abaisser le débat démocratique qu'ils prétendent permettre.

Ce blog prend donc l'initiative de publier certains de ces discours en espérant donner aux citoyens une possibilité de s'informer.

Intervention de Pierre MEHAIGNERIE, Secrétaire général de l’UMP devant les jeunes populaires - Universités d’été de l’UMP - Marseille – 1er sept. 2006

"Chers Amis,

Je suis heureux de vous retrouver, vous tous qui êtes venus parfois de très loin, de Bretagne, d’Alsace, de région parisienne …et pour certains d’un peu plus près, puisqu’il me semble que la région PACA qui nous accueille est bien représentée.

Merci à Marseille et à son maire Jean-Claude Gaudin de nous recevoir si chaleureusement pour ces universités d’été exceptionnelles, à l’image de l’année politique qui commence. Ils ont accompli un travail de préparation formidable avec votre équipe nationale. Je veux ici saluer avec beaucoup d’amitié votre président Fabien de Sans-Nicolas et tous les délégués nationaux qui ont été élus à ses côtés le week-end dernier.

Fabien n’a pas seulement montré des talents d’organisateur – il en faut pour animer un mouvement qui est passé de 15 000 à 25 000 adhérents ! –, il s’est engagé résolument pour faire des Jeunes Populaires une véritable force militante.  Je voulais le remercier du travail de formation entrepris depuis un an. Plusieurs week-ends nationaux ont permis de former des centaines d’entre vous sur le fond – nos valeurs et le projet que nous défendons – comme sur la forme – l’action locale, la prise de parole, sont aussi décisives.

Cet effort de formation est pour moi crucial. Je l’ai mesuré lors des élections régionales : nous n’avons pas suffisamment répondu aux arguments d’ATTAC, à la caricature de notre action, par ceux-là même qui, hier, nous proposaient les solutions qui ont partout échoué.

On ne tarit pas sur ATTAC, et sa bêtise idéologique. Je ne veux pas cependant me contenter d’une critique facile. Ne m’attendez pas sur le terrain des phrases assassines et des slogans réducteurs. Je viens vous parler de ce qui est pour moi l’essentiel. De convictions. D’idées. Du contenu de notre projet pour la France d’après.

Henry Kissinger avait dit un jour qu’un homme d’Etat, c’est celui qui est capable de conduire un pays d’un état A où il se trouve à un état B où il n’est jamais allé. Cette analyse que je partage me conduit à poser trois questions :

Sur l’homme d’Etat, d’abord : Dans l’arc-en-ciel politique français, qui peut être aujourd’hui cet homme d’Etat ? J’ai ma réponse et vous avez certainement la vôtre…  Je vois qu’on se comprend.

Sur l’état A, ensuite : Quel est l’état actuel de la France ? En d’autres mots : quel est notre diagnostic sur les forces et les faiblesses du pays ?

Enfin sur l’état B : Quelle France voulez-vous trouver dans cinq ans ? Et par quels moyens y arriver ?

Pour engager cette campagne, le premier impératif, c’est d’oser dire la vérité et de ridiculiser les menteurs, les démagogues

Cela ne veut pas dire sombrer dans le catastrophisme. A la question « la France décline-t-elle ? », ma réponse est non. Mais depuis 15 ans la France prend du retard du fait d’une croissance anémique.

Si la France avait eu la même croissance que la Grande-Bretagne sur cette période, nous aurions aujourd’hui :

  • Un million d’emplois en plus
  • 10 à 20% de pouvoir d’achat en plus
  • Des dépenses de vieillesse et de santé financées sans endettement.

En 15 ans, nous sommes passés du 8e au 16e rang pour la richesse par habitant. Le tableau est encore pire pour l’Indice de Développement Humain qui prend en compte l’espérance de vie, l’éducation et le niveau de vie : depuis 1995, nous sommes descendus du 2e au 17e rang mondial.

Sur le terrain, le bilan n’est pas forcément plus heureux. Parmi les 160 régions européennes, seules deux régions françaises, la Bretagne et les Pays de la Loire – et ce n’est pas un hasard si elles étaient alors gérées par des majorités de droite, avec François Fillon et Josselin de Rohan à leur tête –  ont vu leur PIB par habitant augmenter aussi vite que les régions étrangères les plus dynamiques, la Bavière et l’Irlande notamment.

Pendant ce temps au palmarès…

  • De la dépense publique,
  • De l’imposition du capital,
  • De l’imposition du travail,

…Nous sommes restés les vice-champions.

Et pourtant l’espoir est à portée de main. Pourquoi ? Nos atouts sont nombreux :

  • La démographie
  • Le système de santé
  • L’espérance de vie
  • Le nombre de grandes entreprises.
  • La qualité de vie en France.

Autre raison d’espérer, des pays dans des situations beaucoup plus difficiles que les nôtres ont pu corriger leurs faiblesses : la Suède, l’Irlande, la Grande-Bretagne, l’Espagne.

C’est pourquoi j’ai l’intime conviction que la fin du chômage français peut devenir une réalité…

  • Si l’excès de réglementation et de bureaucratie recule ;
  • Si la compétitivité des entreprises se renforce ;
  • Si les dépenses publiques freinent ;
  • Si l’Europe de la connaissance se renforce.

Oser dire la vérité c’est aussi écouter ce que disent de notre pays nombre d’observateurs étrangers :

  • La France est « sur-administrée et sous-organisée »,
  • La France est « une sociale-démocratie molle et profondément inégalitaire » ;
  • Cela rejoint l’analyse du Canadien Timothy Smith : « l’Etat providence profite à ceux qui n’en ont pas besoin ».
  • Lors de la dernière grande défaite de notre famille face à la gauche, en 1997, l’historien François Furet avait aussi constaté : « Sur l'emploi, la droite n'a pas dit grand-chose, de peur de déplaire, et la gauche a dit des choses fausses, pour plaire ». Aujourd’hui, il est grand temps, non pas de plaire à tout prix, mais de prendre la parole sans peurs et sans tabous.

Une fois le diagnostic sur la table, nous devons décider où nous voulons parvenir. A l’UMP, j’ai toujours défendu le P de Populaire. Voici comment cela peut se traduire :

  • Une France au-dessous de 5% de taux de chômage en 2012. Je tiens à signaler que les décisions prises par la majorité depuis 2002 mises en œuvre par Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et Jean-Louis Borloo nous ont mis sur la bonne voie, puisque le taux de chômage
  • Du pouvoir d’achat pour les bas salaires, pour mettre fin au sentiment de déclassement des salariés proches du SMIC : c’est pour cette raison que j’ai défendu ces derniers mois le doublement de la Prime pour l’Emploi.
  • Plus de compétitivité pour les entreprises, pour parer les délocalisations dont les salariés modestes sont les premières victimes.
  • Une fiscalité plus juste.
  • L’accession sociale et très sociale à la propriété. Là encore, le gouvernement depuis 2002, avec mon ami Marc-Philippe Daubresse, a réalisé un effort sans précédent.
  • Des mesures concrètes pour l’égalité des chances. Nicolas Sarkozy a eu raison d’ouvrir le débat sur la discrimination positive.

Comment parvenir à la réussite économique ? Je propose cinq leviers.

1)      Passer d’une société de défiance à une société de confiance en légiférant moins, en simplifiant la vie des entreprises et des citoyens plutôt que d’infantiliser les Français. On tombe aujourd’hui dans une suspicion maladive vis-à-vis de toute initiative individuelle, dans une obsession réglementaire, comme s’il fallait à chaque instant et à tout prix materner, visser, interdire la prise de risque. Des exemples finissent par être comiques à force d’absurdité comme la réglementation florissante de l’urbanisme avec ses 140 sigles, parmi lesquels les AFU, les FRAFU, les EPARECA, les SCOT, les ZIF, les ZIL, les ZIP et les ZIRST, et j’en passe…

2)       Rendre l’Etat plus efficace

En France ce n’est pas l’entreprise qui est malade. C’est l’Etat qui gère de loin, qui gère mal, qui gère sans courage. N’hésitons pas à décentraliser, à décloisonner, et à supprimer les doublons chaque fois que nécessaire.

3)       Réduire les dépenses publiques.

De grosses dépenses publiques nécessitent des prélèvements obligatoires plus élevés. Ceux-ci pèsent sur les ménages et sur les entreprises, directement ou non (du fait de la baisse de la consommation et de l’augmentation du coût du travail). Dans tous les cas, de grosses dépenses publiques entraînent de petits salaires.

Nous devons garder pour ligne une croissance zéro des dépenses. La fonction publique doit rester stable.  Les collectivités locales doivent ici donner l’exemple.

Il nous faut un président convaincu que la discipline est nécessaire pour convaincre à son tour l’opinion. La population adhèrera si on lui montre que les recettes dégagées seront justement partagées entre la baisse de l’endettement, l’investissement dans l’économie du savoir, les dépenses de retraites et d’assurance-maladie, enfin le pouvoir d’achat.

4)       Un choc de confiance pour les PME.

La France a de jeunes entreprises qui n’arrivent pas à dépasser une certaine taille pour devenir des leaders mondiaux.  Pour permettre à des Bill Gates d’émerger en France, il faut donner aux PME de la souplesse et de la rapidité, des coûts salariaux compétitifs, un environnement fiscal compétitif. Les entreprises ont besoin d’être aimées. Elles sont trop souvent vilipendées et caricaturées. Exonérer les œuvres d’art et pénaliser les entreprises créatrices de richesses, comme l’a voulu la gauche derrière Fabius, est lourd de signification.

5)       Une économie du savoir plus performante.

Cela impose de mettre fin à la sortie du système scolaire de 150 000 jeunes sans qualification par an. Chacune de ces 150 000 situations doit trouver une réponse ; la réforme Fillon s’est emparée du problème et a proposé des mesures significatives.

Parce que chacun a droit à une deuxième chance, il faut aussi un effort sans précédent pour la formation tout au long de la vie et la promotion de l’ascenseur social.

L’économie du savoir passe par une autonomie plus forte des universités plus efficaces, pour qu’elles soient plus efficaces. L’UMP tiendra dans les semaines qui viennent une convention sur l’Université. Chacun pourra s’y exprimer. Une fois de plus, le débat est ouvert à l’UMP.

Il faut bien sûr rapprocher l’université de l’entreprise : des stages de découverte d’une semaine au moins tous les ans au lycée, un stage obligatoire d’un mois au minimum tous les ans à partir du bac, un séjour obligatoire de deux mois au moins à l’étranger (stage, échange ou mission humanitaire) avant la licence sont logiques, en offrant à ceux qui en ont besoin des informations précises et un appui financier.

Pour passer des paroles aux actes sur l’égalité des chances, pourquoi ne pas réserver des places en classes préparatoires aux 10% les meilleurs de chaque lycée ? Pourquoi ne pas réserver un quart des places dans les grandes écoles aux étudiants venus de l’université, et un autre quart aux diplômés des IUT et des BTS ?

Enfin le système des bourses doit être amélioré : il doit être rendu plus généreux pour les étudiants défavorisés et il doit parallèlement mieux prendre en compte le mérite : pourquoi ne pas moduler les aides en fonction des résultats scolaires, en les augmentant de 25% pour les mentions « Assez bien », de moitié pour les mentions Bien, en les doublant pour les mentions Très bien ? 

Pour concilier les solutions sociales et les solutions libérales, la droite et le centre sont les mieux placés aujourd’hui.

Pourquoi ?

Il ne peut pas y avoir d’efficacité économique sans esprit de justice et sans exemplarité au sommet. La nécessité de trouver dans chaque décision, dans chaque action, un juste équilibre entre ces deux impératifs d’efficacité et de justice, a toujours été au cœur non seulement de notre discours mais aussi de nos actes. Nos élus ont souvent été en pointe des innovations sociales. Nous ne nions pas l’esprit de justice chez nombre d’élus militants ou élus socialistes ; ce qui diffère, ce ne sont pas les objectifs mais les moyens mis en œuvre et les résultats obtenus.

D’ailleurs, un fait doit être rappelé : les ouvriers et les employés ont été les grands perdants des deux septennats de Mitterrand, à l’inverse de la période des Trente Glorieuses.

Que penser alors du programme élaboré par les dirigeants du PS ?

Passons sur le gonflement projeté de la fonction publique, la multiplication des avantages statutaires, et les autres engagements corporatistes dont le coût retombera sur les salariés modestes du privé. Personne, même à l’intérieur du PS, ne s’aventure à les chiffrer avec précision.

Mais peut-on parler d’un projet socialiste d’avenir quand l’audace consiste, pour le PS, à renationaliser EDF à 100%, au prix minimal de 12 milliards d’euros et en revenant sur toute la stratégie européenne de l’entreprise ?

Peut-on évoquer un projet responsable quand on apprend qu’en cas de victoire, le PS, toujours généreux avec les ressources des autres, portera le SMIC à 1500 euros, le rendant inabordable pour les PME et faisant de 40% des salariés des smicards par un effet de voiture-balais ?

Que dire enfin de l’abolition promise de la réforme des retraites ? Le PS veut abroger « d’un trait de plume » la loi Fillon, supprimera-t-il de la même manière le vieillissement de la population ? Supprimera-t-il par magie la nécessité de financer les retraites ?

La vérité, c’est que le projet socialiste est anti-social.

Pour reprendre l’expression de Soljenitsyne, « crois les yeux, pas les oreilles ». L’observation nous conduit à reconnaître l’efficacité des solutions de la Bavière, de l’Irlande ou de la Suède, tous pays qui ont choisi la voie sociale-libérale. Les meilleurs résultats en matière sociale sont obtenus dans les pays qui associent certaines valeurs plutôt que de les opposer : l’efficacité et la solidarité ; l’individu et la communauté, la liberté et la responsabilité ; les droits mais aussi les devoirs. Et s’il fallait mettre en exergue une valeur qui conditionne la réussite, c’est la responsabilité

J’aime à me présenter comme lucidement libéral, résolument social et profondément européen. C’est à partir de ces convictions que j’ai fait mon choix pour 2007.

Notre pays a besoin d’un décideur visionnaire, qui puisse donner une cohérence à ses intuitions politiques.  Il a besoin d’un homme qui sache convaincre, en trouvant à partir de son expérience les mots qui vont au cœur de tous. Les Français veulent être rassurés, mais aussi enthousiasmés, car ils n’en peuvent plus de l’immobilisme et des dérobades.

Non, comme le dit si bien Nicolas Sarkozy, la France n’a pas peur du changement, mais elle l’attend.

Parce qu’il fait bouger les lignes de clivages traditionnelles,  parce qu’il associe comme aucun autre la fermeté et la justice, parce qu’il incarne le refus de l’impuissance politique, je me reconnais sans hésitation dans Nicolas Sarkozy.

C’est lui qui symbolise aujourd’hui l’initiative réussie dans notre pays. C’est lui qui a fait de notre mouvement la première force politique de France, avec plus de 260 000 militants – un parti véritablement populaire, fédérant des Français et des Françaises de tous les âges et de toutes origines.

Et c’est évidemment Nicolas Sarkozy que je vous demande de soutenir tout au long de cette année, sur vos lieux d’études et de travail, et aussi avec ceux que vous ne connaissez pas encore, mais qui sont appelés à devenir des amis dans le combat commun".

Pierre MEHAIGNERIE

Publié dans Démocratie

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